Du 21 février au 6 mars 2023, une mission de Benchmark sur les marchés de gros de produits agricoles s’est déroulée en France (Rungis et Toulouse).
La problématique d’approvisionnement de nos marchés en produits vivriers reste l’une des contraintes majeures à la sécurité et à la souveraineté alimentaires de la Côte d’Ivoire. Les facteurs limitatifs de la performance des chaines d’approvisionnement vivrières sont multiples. Des infrastructures de marchés déficientes et insuffisantes aux limitations du réseau routier qui entravent fortement l’accès des producteurs aux marchés rémunérateurs, .
En d’autres termes, le sous-secteur vivrier ivoirien est confronté à d’importants défis liés à l’absence et/ou au dysfonctionnement des infrastructures de commercialisation et de logistique, tant dans les zones de production que dans les centres de consommation. Dans les zones de production, l’absence d’infrastructures situées au « premier kilomètre » pour traiter les produits vivriers entraîne de grosses pertes post-récoltes, en particulier pour les produits périssables. Dans les centres de consommation, les marchés de gros obsolètes présentent peu d’éléments de contrôle de la qualité et sont peu équipés notamment en chambres froides, entrepôts, hangars de vente et installations d’élimination des déchets, d’assainissement et de pesage. Ces marchés ont du mal à mettre en œuvre les protocoles sanitaires qui garantissent des opérations de marché sûres dans un contexte de crise comme celle de la COVID-19.
Partant de ce constat, le Gouvernement ivoirien adresse, avec l’appui technique et financier de la Banque mondiale, la problématique de commercialisation des produits vivriers à travers le Projet de Développement des Chaines de Valeurs Vivrières (PDC2V). Ce projet vise notamment la construction et l’équipement de marchés de gros à Abidjan, Abengourou et Daloa.
Ces marchés de gros se veulent modernes par l’intégration notamment des composantes de conservation, de conditionnement, de commercialisation, de première transformation de produits agricoles, de services agricoles, logistiques et transversaux (banques, microfinances, hôtels…). Ainsi, le marché de gros d’Abidjan sera un marché de consommation et jouera un rôle central et structurant du réseau de marchés de gros au niveau national. Il sera approvisionné en amont principalement par les marchés de gros dits « régionaux » d’Abengourou et de Daloa qui auront un rôle d’agrégation et de standardisation des produits tout en servant de marchés d’approvisionnement pour ces deux (2) importantes villes.
Ces marchés de gros constitueront ainsi en de véritables hubs régionaux d’intérêt national permettant d’approvisionner des millions de personnes en produits de qualité, tout en garantissant le respect strict de la traçabilité des produits et de la réglementation sanitaire.
Une conception réussie de telles infrastructures requiert un réel diagnostic au niveau national mais aussi et surtout au niveau international afin de développer des infrastructures répondant aux besoins des opérateurs tout en anticipant les évolutions des systèmes alimentaires et des besoins de consommation. Un benchmark des modèles de réussite dans le monde s’impose donc à l’aube de la réalisation de l’étude de faisabilité technique socio-économique, juridique et financière desdits marchés.
A cet effet, une délégation conduite par le Coordonnateur du PDC2V a séjourné en France du 21 février au 6 mars 2023 pour un Benchmark des marchés de gros de produits agricoles de Rungis et de Toulouse. Cette mission a enregistré la participation de l’ensemble des acteurs publics et privés impliqués dans la conception, la construction et l’opérationnalisation des marchés de gros ivoiriens : des acteurs institutionnels aux producteurs et commerçantes.
L’objectif premier de cette mission est d’apprécier et de comprendre la conception et le fonctionnement des marchés de gros de Rungis et de Toulouse afin de capitaliser et d’adapter leurs acquis au contexte ivoirien.
Retombées immédiates de cette mission
L’une des retombées immédiates de cette mission est la vision claire de l’approche de conception et d’opérationnalisation des marchés de gros ivoiriens, inspirée de modèles éprouvés ailleurs dans le monde.
Le résultat clé de la mission est une proposition d’approche de conception et de fonctionnement des marchés de gros ivoiriens incluant :
- (i) les composantes clés à développer sur lesdits marchés conformément au contexte et aux besoins des acteurs ;
- (ii) un schéma organisationnel et fonctionnel des marchés de gros ivoiriens ainsi que le profil de l’organe qui sera chargé de sa gestion ;
- (iii) les dispositions juridiques essentielles pour leur exploitation optimale
- (iv) les dispositifs agro-logistique, de sureté, de sécurité sanitaire des aliments, de nettoyage et de traitement des déchets ainsi que
- (v) les services connexes à y développer pour le bien-être et bonheur de leurs utilisateurs.
La Production locale, gage de la souveraineté alimentaire
La volonté de développement de telles infrastructures de commercialisation des produits vivriers est le produit conjoint de deux (2) plans stratégiques nationaux : (i) le Programme National d’investissement Agricole (PNIA II), avec le concept d’agro-pôles et d’hubs de transformation et ; (ii) la stratégie nationale pour le développement des infrastructures de commercialisation agricole, mise en œuvre par le Ministère en charge du Commerce et définissant l’approche de développement d’un réseau de marchés de gros et relais à travers le territoire national.
Ces infrastructures intègrent parfaitement la politique du Gouvernement mettant en avant la nécessité d’accessibilité de l’ensemble des couches sociales aux produits vivriers de qualité et en toute saison pour une souveraineté alimentaire du pays. Et l’atteinte de ce noble objectif requiert l’amélioration du cadre existant pour un développement coordonné de la production locale et des chaines de distribution des produits vivriers ; tout ceci avec des outils et des approches de résilience aux effets du changement climatique et de préservation de l’environnement. Notons également que le PDC2V vise à soutenir le développement de chaînes de valeur vivrières compétitives, résilientes et inclusives, au profit des acteurs dans les zones du Projet. Sa mise en œuvre permettra d’une part, de lever les contraintes majeures liées à la croissance du sous-secteur vivrier et d’autre part, de stimuler un développement coordonné de ses maillons. Ce faisant, le PDC2V offre de réelles opportunités de financement et de partenariats privés entre les acteurs des chaînes de valeurs ciblées (le manioc, le maraicher, l’aquaculture) et travaille ainsi à renforcer les investissements pour améliorer et moderniser les segments les plus faibles du secteur (stockage, transport, transformation etc..).